Quand la diplomatie assujettit l’art, elle oublie que celui-ci rassemble au-delà des frontières et ne peut se plier aux règles des conflits militaires et politiques. Il a ses propres confrontations, mais avant tout il relie entre eux des hommes, des femmes, des enfants, des jeunes, des artistes avec des spectateurs.
A la mi-septembre, le ministère des Affaires Etrangères français a envoyé une note aux structures culturelles subventionnées suspendant toute collaboration avec des artistes maliens, burkinabés ou nigériens au nom de la sécurité. Cette annonce a provoqué de nombreuses réactions de protestation en France et compromet des projets, faute d’issue prévisible aux conflits concernés.
Cette annonce m’a bouleversée, pas seulement parce que je partage actuellement un projet avec le directeur du Théâtre Soleil à Ouagadougou. Quelques semaines auparavant, j’étais à Johannesburg, accueillie avec mes collègues du Comité Exécutif, par l’ASSITEJ Afrique du Sud et le festival Craddle of Creativity. J’y ai vu des spectacles d’une grande force, en particulier ceux venus du continent africain. J’ai découvert des artistes remarquables, certains très jeunes, et participé à des temps de conférence et d’échanges vraiment intéressants. J’en suis revenue enthousiasmée par une telle richesse artistique et humaine. Exclure de tels artistes de projets futurs est pour moi inacceptable.
Quand la diplomatie assujettit l’art, elle oublie que celui-ci rassemble au-delà des frontières et ne peut se plier aux règles des conflits militaires et politiques. Il a ses propres confrontations, mais avant tout il relie entre eux des hommes, des femmes, des enfants, des jeunes, des artistes avec des spectateurs.
L’ASSITEJ, à l’image de l’art, rassemble les artistes et les professionnels du monde entier, à travers son site et ses newsletters, mais plus encore évidemment aux Congrès et lors des Rencontres Artistiques. La prochaine rencontre aura bientôt lieu, à Belgrade et Nov Sad (Serbie) à partir du 20 novembre. Nous espérons y retrouver un grand nombre de membres de la communauté internationale du jeune public.
Auparavant, nous vous invitons à nous rejoindre pour les deux « Coffee Sessions » que mon collègue, Ernie Nolan, et moi-même, consacrerons aux questions LGBTQ+ dans le spectacle vivant à l’adresse de l’enfance et de la jeunesse, après des sessions consacrées à la diversité et à la culture sourde la saison dernière. Nous poursuivons nos rencontres en ligne consacrées à la diversité, l’inclusion, la rencontre avec l’autre, le respect de chacune et chacun.
Ce sont des valeurs fortes, que portent la création à l’adresse de l’enfance et la jeunesse. Elles s’incarnent aussi dans le groupe qui œuvre aux questions de stratégies politiques au sein du comité exécutif, dans le comité consacré à l’accessibilité, dans les campagnes de promotion de la Journée Mondiale du Théâtre pour l’Enfance et la Jeunesse, etc. Elles sont portées par chacune et chacun d’entre nous dans ses activités quotidiennes.
Oui, l’art relie et, plus encore, les arts vivants pour l’enfance et la jeunesse, qui rassemblent les générations et tous les publics. L’ASSITEJ représente ces valeurs et ces liens. Le Comité Exécutif et l’équipe salariée en sont les vecteurs.
Membres de l’ASSITEJ, rassemblons-nous, rencontrons-nous, soyons solidaires, en ligne ou en présence, en Serbie, à Cuba, et partout ailleurs chaque fois que l’occasion nous est donnée. Notre solidarité et notre engagement sont notre force face aux conflits politiques ou militaires, aux soubresauts et aux crises économiques et écologiques.
Emilie Robert
EC Member, ASSITEJ International