Grâce à l’engagement de l’ASSITEJ Norvège, du réseau Nordique – Baltique et de leurs soutiens, 400 professionnels du spectacle vivant jeune public ont pu assister aux Rencontres artistiques 2019, à Kristiansand, dans les meilleures conditions possibles : un espace inclusif, dans lequel les contributions des uns et des autres sont encouragées, et nourries de spectacles de grande qualité. Bien sûr, la Norvège est très au nord, et tout le monde ne peut pas simplement acheter un billet d’avion et venir. Cependant, au cours de sa longue histoire, l’ASSITEJ a organisé de grandes et de petites rencontres dans autant d’endroits différents que possible à travers le monde. La diversité géographique est assurée, à chaque fois, au moins quant à l’essentiel : le programme artistique doit proposer une moitié de spectacles locaux, et une autre de spectacles internationaux, de tous les continents. Les organisateurs proposent toujours des prix réduits pour les personnes venant de régions à faible revenus. Les cohortes du programme Next Generation – à Kristiansand, comme toujours, l’aspect le plus étincelant de la rencontre – réunissent de jeunes artistes dans un véritable melting-pot, grâce au festival organisateur et aux cotisations des membres de l’ASSITEJ. Et pour ceux qui peuvent être là, le groupe “Projets” du Comité exécutif use des méthodes de réflexion collective les plus rafinées, afin de donner à chacun une voix.
Ceci dit, déployer autant d’efforts pour encourager la diversité et la spontanéité a parfois des conséquences. A ce titre, la quatrième et dernière matinée des Rencontres artistiques, consacrée au développement durable, est allée au-delà de nos attentes, tant les participants, qui comprenaient un groupe de lycéens de Kristiansand, nous ont rappelé avec malice la nature contemporaine du spectacle jeune public. Des jeunes : le public auquel nous nous adressons, ceux qui se battent pour le climat, par millions autour du monde, avec talent, jusqu’à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies. De jeunes artistes et producteurs, qui réclament un théâtre reconnecté avec l’écologie et la responsabilité sociale : “Créons une banque pour la réutilisation des décors, des costumes et des accessoires”. “Organisons des tournées rationnelles”. “Jouons dans la nature”. “Faisons du yoga au travail”. “Interrogeons la place des arts dans l’urbanisme”. Tout d’un coup, un nouveau sujet était apparu, et nous avons tous senti qu’il faudrait s’en préoccuper sérieusement, et à long terme. Le développement durable n’est pas “cool”. C’est un gros point d’interrogation au dessus de l’ensemble de nos pratiques professionnelles, alors que les gens de théâtre sont généralement habitués à deviser des problèmes de tout le monde, plutôt que des leurs.
Inutile de dire que la notion d’empreinte carbone pose un problème encore plus profond à l’ASSITEJ, une association globale, avec des membres dans 100 pays, et qui prépare son congrès mondial à Tokyo. De tous les délégués européens à Kristiansand, une seule avait choisi de venir en train.
Nous avons de nouvelles questions et pas de réponses. Tout ce qu’on aime!