Rédigé par Arianna Saulini, Responsable du plaidoyer européen et national pour Save the Children – Italie
La pauvreté des enfants est un phénomène multidimensionnel qui ne peut être décrit uniquement en termes de privations matérielles et économiques. La pauvreté a un impact sur le parcours éducatif des enfants ; elle nuit à leurs performances scolaires, entrave le développement de leurs talents et limite leurs rêves. Non seulement la pauvreté influe négativement sur la petite enfance, mais elle compromet aussi l’avenir des enfants.
Save the Children a donné la définition de ce que l’on appelle la “pauvreté éducative”, la décrivant comme un processus de limitation du droit des enfants à l’éducation et de privation de leurs possibilités d’apprendre et de développer les compétences dont ils auront besoin pour réussir dans une société en rapide évolution. La pauvreté éducative affecte également la croissance émotionnelle et l’établissement de relations avec les autres, compromettant les possibilités pour les enfants de se découvrir eux-mêmes et de découvrir le monde.
Le phénomène de la pauvreté éducative tend à se perpétuer dans un cercle vicieux, se transmettant de génération en génération et, en utilisant la Théorie des capacités d’Amartya Sen et Martha Nussbaum, privant les enfants et les adolescents des possibilités de connaître, d’être, de vivre ensemble et de faire.
Ces quatre dimensions de la pauvreté éducative sont associées aux droits consacrés par la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant (CIDE), qui a été ratifiée par tous les pays du monde sauf les États-Unis.
En Italie, les phénomènes croissants de la pauvreté éducative et de l’exclusion sociale imposent des réflexions et des actions adaptées à leur multidimensionnalité.
Save the Children, avec l’aide d’un comité scientifique composé d’experts italiens, de l’Université d’Oxford et d’un processus de consultation, auquel ont participé plus de 200 mineurs, a mis au point, à titre expérimental, un indice pour mesurer la pauvreté éducative (IPE).
Le nombre d’enfants qui vont au théâtre représente l’un des principaux facteurs permettant d’évaluer les niveaux de pauvreté éducative. Les arts et la culture de la scène sont en fait des médiateurs éducatifs fondamentaux, capables de promouvoir le développement d’une pensée critique même chez les plus jeunes esprits. Cependant, 69% des enfants en Italie n’ont pas accès au théâtre.
Des données récentes ont démontré qu’en Italie, différents groupes sociaux atteignent différents niveaux de participation aux activités culturelles, en fait, seulement 2 enfants sur 10 issus de familles à faible revenu ont un accès réel à la culture.
L’accès aux activités culturelles (telles que la musique, le théâtre, les musées) pourrait constituer l’instrument adéquat pour mettre fin à la distinction entre les différents groupes sociaux, qui contribuent à la perpétuation d’une exclusion culturelle.
L’objectif principal est d’accompagner les enfants et les adolescents dans la transition d’utilisateurs à producteurs de culture en les aidant, en tant qu’êtres humains d’aujourd’hui et non d’adultes de demain, à développer et exprimer leurs sentiments et leurs pensées. Les activités culturelles contribuent au développement des capacités psychomotrices, émotionnelles et sociales, mais aussi des aptitudes cognitives, de la motivation et de l’apprentissage, permettant aux enfants et aux adolescents d’élargir leurs horizons et de se sentir partie intégrante de la communauté.
Le phénomène de la pauvreté éducative est également connu et vécu au niveau européen. La Commission européenne a mis en place des actions et des recommandations pour mettre fin au cercle vicieux du désavantage social, en créant des stratégies visant à encourager la participation des mineurs aux activités culturelles et récréatives et en finançant les investissements culturels dans les zones défavorisées afin d’éradiquer la pauvreté éducative et de garantir l’égalité à tous les enfants.